20

 

Ils sondèrent mentalement l’engin de mort. C’était une bombe à l’uraan munie d’un mécanisme à retardement. Mais celui-ci avait été manipulé à la hâte. Il était impossible d’arrêter le processus. Il ne leur restait que peu de temps avant l’explosion.

Ils se précipitèrent hors de la crypte, remontèrent vers les galeries supérieures. Gêné par sa blessure au ventre, Astyan souffrait le martyre ; Anéa fut obligée de le soutenir. Chaque seconde qui passait semblait une éternité. Enfin ils débouchèrent à l’air libre. Au-dehors, les autres les attendaient avec impatience ; ils poussèrent des cris de stupeur en apercevant le sang maculant les vêtements du Titan. Anéa hurla :

— Vite, grimpez tous à bord.

Ils obéirent sans discuter. Astyan étant blessé, Anéa prit la place du pilote. Le glisseur démarra en trombe, soulevant un nuage de poussière et de rocaille. Les Titans ignoraient à quel moment exact la bombe à l’uraan allait éclater. Poussant le véhicule à fond, Anéa le dirigea vers le défilé rocheux : c’était leur seule chance. Peut-être les protégerait-il du souffle. Les plaques répulsives firent entendre un sifflement aigu.

Malgré sa rapidité, le glisseur semblait se traîner. Il gravit la pente douce de la dépression, puis fila vers l’entrée de la gorge. Petit à petit, la silhouette du temple maudit s’amenuisait à l’horizon. Chaque instant passé était une victoire sur le temps. Derrière le véhicule s’élevait un nuage de poussière soulevé par la vitesse.

— Protégez-vous les yeux avec vos capuches, grinça tout à coup Astyan, le visage crispé par la souffrance.

— Mais pourquoi ? demanda l’un des gardes, affolé.

— Fais ce que je te dis !

Ils obéirent aussitôt. Enfin le glisseur parvint à l’entrée du défilé, dans lequel il s’engouffra en trombe. L’instant d’après, la lumière du soleil sembla se multiplier par mille. Malgré l’épaisseur du tissu, les hommes furent aveuglés, et se mirent à hurler de terreur.

Astyan et Anéa, prévoyant l’éclair atomique, avaient dressé un champ de force mental qui atténua sa puissance. Pendant une fraction de seconde, il leur sembla que la roche elle-même s’était mise à briller. Ils étaient à moins de cinq milles du temple. Quelques secondes plus tard, un vacarme assourdissant déchirait l’atmosphère. Les parois de la gorge vibrèrent ; des pans entiers de roche se détachèrent et dévalèrent vers le glisseur.

Malgré les irrégularités du sol, Anéa poussa l’engin à fond. Il fit un bond spectaculaire, plana quelques instants, puis retomba souplement sur les champs gravifiques, qui amortirent le choc. L’éboulement fut évité de justesse. Désespérément accrochés à leur siège, les passagers sentirent leur cœur leur remonter dans la gorge. Mais la jeune femme maîtrisait à la perfection le pilotage du véhicule. Elle se faufila entre les parois rocheuses qui défilaient à toute allure.

Tout à coup, un souffle d’une violence inouïe projeta le glisseur vers l’avant. Il fallut toute l’habileté de la Titanide pour maintenir l’assiette de l’appareil. Une pluie de projectiles cribla la coque. Une pierre énorme la déchira sur plusieurs pouces. Anéa repéra un surplomb rocheux sur la droite et y dirigea le glisseur. L’engin s’immobilisa dans un rugissement des plaques répulsives, faisant jaillir un nuage de cailloux et de poussière.

Il n’était que temps. Depuis les hauteurs du plateau, une falaise monstrueuse de cendres et de roches roulait dans leur direction, balayant tout sur son passage. Mélina se mit à pleurer. Anéa et Astyan se concentrèrent. La seconde suivante, la nuit les absorba ; le monde semblait s’être transformé tout à coup en un ouragan de rocailles. Mais l’énorme masse rocheuse offrait un refuge relatif. Les passagers durent se boucher les oreilles en raison du vacarme infernal. Malgré l’épaisseur de la coque, la température s’éleva brutalement.

Blessé, Astyan ne pouvait être d’un grand secours à sa compagne. Focalisant sa puissance mentale, celle-ci établit une fine barrière invisible destinée à dévier le flux de radiations mortelles. Sous les yeux stupéfaits des humains, l’ouragan incandescent s’écarta d’eux ; une zone de calme relatif s’établit autour du glisseur, tandis que le tumulte s’apaisait. De part et d’autre du promontoire, la falaise mouvante de rocailles rougeoyantes dévalait vers le fond du défilé.

La tempête atomique sembla durer une éternité. À l’intérieur du glisseur, la température avait atteint les limites du supportable ; malgré ses pouvoirs, Anéa avait peine à contenir le flux radioactif. Des rigoles de sueur nées de ses efforts ruisselaient sur son visage crispé par la souffrance. Cependant, malgré la fatigue qui lui broyait le corps et l’esprit, elle ne devait pas relâcher sa concentration. Le glisseur et ses occupants eussent été broyés par le souffle gigantesque.

Enfin les ténèbres se dissipèrent. Mais le soleil avait disparu derrière un épais nuage de cendres. Au loin, en direction du plateau, un gigantesque champignon s’élevait à l’endroit où quelques instants plus tôt se dressait le temple mystérieux. Muré dans sa propre terreur, personne n’osait plus prononcer un mot. Au bord de l’évanouissement, Anéa céda la place à son compagnon, qui avait refermé sa blessure par concentration mentale. Il remit le glisseur en route et l’engagea dans la gorge dévastée par le souffle incandescent.

Peu à peu le nuage de cendres s’éclaircit, puis disparut. Enfin ils atteignirent le fond du défilé. Par chance l’haleine infernale, freinée par la succession de collines rocailleuses, n’avait pas atteint les abords de la vallée de Nysa, trop éloignée. Le soleil avait fait sa réapparition. Astyan arrêta le glisseur près de la rivière qui arrosait la vallée. À ses côtés, Anéa reprenait difficilement son souffle. Elle avait pratiquement dû assurer la protection mentale du véhicule toute seule, la blessure d’Astyan ayant diminué ses facultés. Il se tourna vers elle.

— Comment te sens-tu ?

— Cela ira. Mais je n’aurais pu tenir encore très longtemps. Et toi ?

— Quelques muscles déchirés. Dans quelques jours, il n’y paraîtra plus.

Trempée de sueur, Mélina retrouva l’usage de la parole.

— Tu nous as sauvé la vie, Anéa. Que s’est-il passé ?

— Ceux qui ont bâti ce temple ne souhaitaient pas qu’on vienne le voir de trop près avant que les travaux ne soient achevés. Sans doute parce qu’ils redoutaient que nous ne découvrions quelque chose.

— Mais quoi ?

— Malheureusement, nous ne le saurons probablement jamais.

Elle se tourna vers Oldma.

— Tu comprends à présent pourquoi nous ne désirons pas que certains secteurs de la connaissance soient étudiés. Voilà le genre de désastre qu’ils peuvent engendrer. Et encore, il ne s’agissait que d’une faible charge.

— Une faible charge ? répliqua Oldma, stupéfait.

— Oui ! Il est possible de fabriquer des bombes à l’uraan capables de raser une île de l’Archipel tout entière. Il va falloir interdire cette région. Ceux qui s’y aventureraient contracteraient des maladies terrifiantes ; leur peau se mettrait à brûler lentement, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

— Mais nous, que va-t-il nous arriver ? demanda le vieil argonte.

— Rassure-toi ! J’ai détourné le flux mortel. Et les vents d’ouest vont le porter vers le désert de l’Héphaïs. Il ne menacera pas Poséidonia.

 

Le lendemain, Astyan et Anéa revinrent seuls sur les lieux. Dressant une barrière mentale pour éviter l’action du rayonnement létal, ils s’engagèrent sur le plateau. Rien ne subsistait plus du temple infernal ; un large cratère l’avait remplacé, où subsistaient quelques rougeoiements dus aux pierres de feu.

Joignant leurs forces, les Titans s’approchèrent des ruines fumantes. Autour d’eux s’était constituée une protection diaphane qui scintillait de myriades d’étincelles verdâtres. Anéa se concentra, laissant les forces invisibles qui circulaient sous la terre la pénétrer. L’explosion de la veille les avait perturbées, mais elles persistaient néanmoins.

— C’est curieux, dit-elle. Il existe ici un nœud de puissances telluriques particulièrement actif, mais rien d’exceptionnel. Notre palais est construit sur un champ de forces encore plus intense.

— Ce n’est donc pas cela que l’on voulait nous cacher !

— N’importe quel artisan bâtisseur était capable de le déceler. Il y a autre chose.

Elle demeura un moment silencieuse, puis déclara :

— Je pense qu’il s’agissait plutôt d’un piège destiné à nous éliminer.

— Nous éliminer ? C’est ridicule ! Ces Serpents doivent bien savoir que nous sommes immortels. Même s’ils nous avaient tués hier, nous serions revenus à la vie dans quelques années.

— Oui ! C’est cela que je ne comprends pas.

Astyan ne répondit pas. Elle avait peut-être raison. Une image demeurait incrustée en lui : le souvenir de cet étrange pentagone surmonté de la structure mystérieuse. Était-ce cela que l’on avait voulu les empêcher d’examiner ? Mentalement, il tenta de la reconstituer, mais il n’avait fait que l’entrevoir.

— Nous devons prévenir les nôtres, dit-il enfin. Viens !

 

Plus tard, ils faisaient halte au pied de la Kaïrnâ. Ils gravirent les escaliers menant au sommet ; c’était un lieu où ils savaient ne pas être dérangés. En dehors des périodes rituelles, les Poséidoniens s’en approchaient rarement. Là, dans le soleil de l’après-midi, ils s’assirent, joignirent leurs mains et se concentrèrent.

À travers l’éther, les esprits des Titans se cherchèrent, se trouvèrent et se mêlèrent pour n’en plus former qu’un seul. Une nouvelle fois la sensation d’amour absolu qu’ils partageaient depuis six mille ans les imprégna profondément. Quatre d’entre eux manquaient à l’appel : Khrios et Thémis, qui régnaient sur l’île méridionale d’Aralu, venaient de décéder, et ne reviendraient pas à la vie avant plusieurs années ; Maerl et Vivyan, qui partageaient Avallon avec Astyan et Anéa, étaient sur le point de renaître. Les jeunes femmes qui les portaient étaient enceintes depuis trois mois.

Quelques instants plus tard, les sept autres couples connaissaient les derniers événements aussi bien que s’ils les avaient vécus eux-mêmes. Cependant, rien de semblable ne s’était produit dans aucune des autres îles de l’Empire. Nulle part n’était apparu le signe du serpent. Hypérion, prince du royaume nord de Lyonesse, déclara : « Ni Elyane ni moi n’avons entendu parler de ces marins débarqués à Akhêna. Il est probable qu’on a empêché cet Euphémos et ses compagnons de parvenir jusqu’à nous. » « Ce qui veut dire que les Serpents sont remarquablement bien organisés », répliqua Astyan.

Ptaah, prince de Delphes, intervint :

« Chaque royaume compte quelques contestataires réclamant le droit d’explorer les domaines interdits de la Connaissance. Mais jusqu’à présent, ils se sont tenus tranquilles. Rien ne prouve qu’ils aient partie liée avec ces fameux Serpents. »

« C’est bien cela qui est inquiétant, justement, riposta Anéa. Le tract ne concernait pas uniquement Poséidonia, il désignait l’ensemble des Titans. Sans doute désirent-ils demeurer dans l’ombre, jusqu’au moment où ils frapperont. Vous devez redoubler de prudence. »

Quetzal, prince d’Elkhara, prit la parole :

« Nous le ferons. Nous devons inaugurer un nouveau monument d’ici à une lunaison. Ocyaan et Thétys y sont conviés également. »

Les deux autres confirmèrent.

« As-tu déjà vu ce temple ? » demanda Anéa.

« Bien sûr, mais il n’offre rien de particulier, sinon son architecture. Il n’y avait aucune trace de radioactivité. » L’image du temple passa instantanément dans l’esprit des autres ; Astyan et Anéa en conclurent qu’il ne ressemblait guère à celui qui avait été détruit. Il avait la forme classique d’une pyramide à quatre pans, entièrement creuse. Cependant, sur le sol s’étirait une vaste étoile à cinq branches, surmontée d’une structure qui rappelait celle qui avait dû orner l’édifice de Fa’ankys. Mais les motifs utilisés ne présentaient rien d’extraordinaire.

Anéa demeura un moment songeuse. Une gêne obscure refusait de la quitter, que tous les autres ressentirent immédiatement. Mais elle ne pouvait l’expliquer.

« En fait, le seul point commun, émit-elle soudain, c’est cette étoile à cinq branches. »

« C’est un motif assez courant dans la décoration des édifices religieux. Elle symbolise le soleil », répondit Quetzal.

Anéa ne répliqua pas. Il avait raison. Le pentagone ne comportait rien d’inquiétant en lui-même. Kronos, le Titan du royaume d’Hespéria, intervint :

« Il est clair qu’on a voulu vous supprimer. Peut-être des rebelles favorables à l’ouverture totale de la Connaissance. Mais le plus angoissant, c’est le moyen utilisé. Il semble qu’ils aient découvert le secret de la fission de l’atome d’uraan. »

Un lourd silence s’installa. Peu à peu un malaise insidieux envahit chacun des demi-dieux. Astyan déclara :

« Nous avons affaire à un ennemi inconnu et insaisissable. Malgré nos avertissements, certains ont poursuivi des recherches dans les domaines interdits. Nous savons à présent qu’ils ont créé des hybrides monstrueux. Dans quel but ? De plus, ils disposent d’armes terrifiantes. Et la seule conclusion que j’en tire, c’est qu’il ne s’agit pas d’une simple rébellion de contestataires illuminés. C’est une guerre qui se prépare. »

« Une guerre ? émit Rhéa, la compagne de Kronos. Mais c’est impossible. »

La guerre était un mot inconnu en Atlantide. Jamais depuis ses origines l’Empire n’avait connu le moindre conflit. Les Titans avaient toujours su harmoniser les intérêts des peuples.

« Oui, une guerre, poursuivit Astyan. Quelqu’un – celui qui se dissimule derrière le nom d’Ophius – veut la destruction totale des Titans. »

« Et de l’Empire », ajouta Quetzal.

« Non ! Le tract retrouvé à Karinatos indique que cet Ophius désire soulever les Atlantes contre nous. Il veut nous anéantir pour prendre notre place et régner en maître. »

« Mais qui peut être assez fou pour s’attaquer à nous ? rétorqua Elyane. Même si cet Ophius parvenait à nous tuer, il doit savoir que nous reviendrons à la vie et que nous le combattrons à nouveau. »

« À moins qu’il n’ait trouvé le moyen d’empêcher notre résurrection, ou encore de nous faire perdre nos pouvoirs, répondit Astyan. Si des hommes ont poursuivi des recherches dans le domaine des sciences interdites, qui sait ce qu’ils ont pu découvrir ? Nos propres connaissances, aussi vastes soient-elles, ne sont pas infaillibles. »

Un nouveau silence s’installa. Le passage par la non-vie représentait un équilibre fragile ; au cours de leurs nombreuses vies, les Titans avaient déjà péri dans des circonstances violentes, lors de naufrages, de tremblements de terre. Ils avaient dû faire appel à toute leur volonté pour ne pas se laisser entraîner dans le vortex vertigineux qui annihilait la mémoire des vies antérieures. Le traumatisme provoqué par une mort soudaine et brutale perturbait le mécanisme subtil du corps astral, qui se trouvait ainsi brusquement « arraché » de son enveloppe charnelle. Cependant, ils avaient toujours triomphé de l’épreuve.

Kronos déclara :

« Nous devons démasquer cet Ophius. Je propose que nous menions une enquête dans chacun de nos royaumes. Khrios et Thémis étant absents, Rhéa et moi nous rendrons à Saïqarah, en Aralu, dès que possible. »

« De notre côté, dit Astyan, Anéa et moi partirons pour Kamaloth. Les jeunes femmes qui portent Maerl et Vivyan sont enceintes de quelques mois ; il faut empêcher que les Serpents ne s’en prennent à elles. »

L'Archipel Du Soleil
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